AU DELA DES ESQUISSES DE REVE, QUELLES REALITES ?
La réunion a duré de 20H30 à 23H30.
Petite synthèse pour les absents et aide-mémoire pour les présents.
Déroulement
Le projet
Le Maire a présenté, accompagné de l'architecte Chavannes, environ 37 diapositives.
Il a rappelé le processus depuis 2007. Trois cabinets contactés pour des esquisses et le cabinet Chavannes retenu en 2010.
L'architecte a souligné qu'en cours de route le projet avait changé de nature : au départ, il s'agissait d'une rénovation de voirie dans son ensemble, mais il a fait faire une étude soulignant que l'on devait se pencher sur l'accueil des touristes pour mieux les capter. Cela l'a amené à faire évoluer en une requalification de la place.
J'ajoute que tout le monde se souvient de l'opposition de Frédéric Valletoux, pendant et après la campagne, à l'idée d'un parking place du marché. Son ralliement soudain est un peu suspect.
La concertation
Là, le Maire raconte n'importe quoi. Des réunions, il y en a eu, certes.
Mais l'opposition n'a jamais eu le dossier ! (par exemple l'avant projet de mai 2012 :
voir mon article d'époque). Et on peut supposer que les commerçants non plus.
Il ne faut pas confondre concertation et propagande.
Finances et contre-vérités
Le projet Halle-Place coûterait 7 millions d'euros, soit une moyenne de 2,3 millions d'euros par an (mais ce n'est qu'une moyenne).
Le parking souterrain coûterait 6,5 millions d'euros, à la charge des usagers (un autre type de contribuable).
Le Maire a tenu à faire un point sur les finances locales pour démontrer que le projet était réalisable.
Il a souligné que la dette était passée de 21,1 millions d'euros en 2006, et en 2012, de 20,85 millions d'euros. Ce dernier chiffre n'est pas définitivement établi, tant que l'exercice 2012 n'est pas terminé.
En regardant le tableau de l'endettement (dette de la géothermie comprise), on peut constater que la dette a globalement augmenté (en milliers d'euros) :
Il a indiqué également que l'investissement de la ville oscille entre 4 et 5 millions d'euros.
Etonnant, parce que ce ne sont pas les chiffres des comptes administratifs, qui, eux, donnent une fourchette bien plus basse pour l'investissement réellement réalisé (en milliers d'euros) :
Selon le Maire, l'épargne nette de la ville aurait été de – 403.000 euros en 2005 et serait de + 419.000 en 2011.
Sauf que si l'on compare 2004 à 2011, bizarrement l'épargne régresse
En réalité, ce chiffre varie constamment : il faut faire une tendance.
Voici les données selon les chiffres du compte administratif (en milliers d'euro)
Bref, le Maire nous a gorgé d'une belle contre-vérité financière.
Par contre, il a été très clair, la requalification est une priorité qui l'emportera sur les autres investissements pendant 3 ans au moins (on ne parle pas des autres tranches d'ailleurs) ; et si le public n'en veut pas ? Tant pis pour lui.
Les questions
Des questions ont été lancées, certains pour, d'autres contre.
Visiblement le Maire avait l'avantage du terrain, avec une claque nombreuse, avec une présentation visuelle séduisante et donc une grande difficulté pour apporter la contradiction. Ce serait de bonne guerre, si ce n'était pas face à des personnes qui sont en détresse et qui attendent mieux que des bonnes paroles et comme l'a dit un intervenant : "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras".
On a visiblement ici un dialogue de sourds. Le Maire convaincu de la justesse de sa position, accompagné d'un architecte de bonne foi sans doute, mais à sa solde. De l'autre, des commerçants et des bellifontains qui n'ont jamais été consultés.
Par ailleurs, le Maire s'est fait créateur de rumeurs ridicules et fausses, d'autant plus facile à démentir.
Un public non averti peut s'y laisser prendre : mais maintenant l'astuce est connue.
Le Maire ne pourra plus parler de fausses rumeurs en tout cas, et je suis ravie de constater que les maigres renseignements que j'avais se sont révélés exacts, malgré les atermoiements et les silences. Après tout celui qui refuse l'information aux Conseillers municipaux n'a qu'à s'en prendre qu'à lui-même !
Il n'en reste pas moins que beaucoup de problèmes ne sont pas résolus.
L'intérêt technique de la Halle
Un architecte de l'Ecole d'Architecture de Versailles est intervenu spécialement pour indiquer qu'il estimait, avec un certain nombre de ses confrères, que cette halle restaurée pourrait présenter un fort intérêt technique, compte tenu de la personnalité de son réalisateur. Il s'agit d'un point de vue intéressant et qui éclaire d'un angle nouveau l'impréparation du dossier. Il était très surpris de l'inculture historique de ses confrères. Nicolas Esquillan, l'architecte, était né à Fontainbleau le 27 août 1902 : voir :
Le point de vue de la Société de protection du patrimoine et de l'esthétique de la France - et :
Lien vers l'article du Moniteur (ci contre un article d'époque, cliquez pour mieux voir)
Même si la Halle devait un jour être condamnée dans un aménagement de la place, voilà un point qui doit faire réfléchir avant de prendre une décision.
Synthèse des débats
Passons maintenant à une synthèse des débats, aussi tronqués soient-ils. Certains points convergents ne signifient pas que la majorité actuelle ait fait son travail, mais que certains constats sont partagés.
Le besoin en stationnement
Parmi les points où il y a un consensus large (mais il existait avant les élections !) : la Ville a besoin de stationnement.
Le Maire a fait réaliser 2 sondages (en 2011, et mars 2012), par IFOP
(Institut Français d’Opinion Publique) pour arriver à cette incroyable conclusion qui vaut bien son pesant d'or : les touristes et les non-bellifontains se plaignent de ne pas pouvoir se garer. Très fort, fallait-il vraiment 2 sondages pour le savoir ?
J'ai relevé une phrase qui aurait pu directement venir de notre programme : "sans augmentation du nombre de places de stationnement, le centre ville risque de dépérir". Excellente synthèse.
Alors, une question sans réponse posée à plusieurs reprises au Maire : pourquoi avoir attendu plus de 7 ans pour se décider à créer des stationnements à Boufflers ? !
On notera d'ailleurs que le projet d'aménagement de la place de la République ne résout pas le problème, parce qu'il ne crée que 37 places supplémentaires par rapport aux jours sans marché actuels. Le Maire en a convenu d'ailleurs. Difficile de contredire les chiffres officiels.
La question de la délégation de service public de stationnement
Le Maire a rappelé les problèmes de légalité de la délégation de service public des stationnements qui font prendre en charge l'investissement des parkings. L'ancienne délégation était trop longue, trop "avenantée", pour permettre le nouveau projet. La question s'est déplacée sur le coût de résiliation. 5 millions annoncés au Conseil municipal, 2,5 millions maintenant, mais les tribunaux le diront. Le Maire a souligné l'illégalité du maintien de cette convention et on lui reprocherait son maintien.
Evidemment, évidemment : mais alors pourquoi avoir attendu 7 ans pour abroger cette convention "illégale" ? Le dernier avenant était bien signé par Frédéric Valletoux !
La vérité, c'est qu'illégalité ou pas, le Maire voulait à tout prix faire passer son projet Boufflers + Marché. Alors, le risque ce n'est pas très grave, surtout s'il est décalé dans le temps…
La fonction Halle : 1327 m² actuel contre 1400 m² futur ?
La fonction Halle sera-t-elle conservée à l'issue des travaux ?
Certains en doutent.
L'alimentaire doit passer de la vieille Halle à la surface devant le Bellifontain.
Le Maire a tenu des propos contradictoires sur les surfaces.
Il a indiqué que le métrage linéaire de commerces alimentaires est actuellement de 580 ml d'étalage et que la capacité devant le Bellifontain serait en cas de déplacement temporaire de seulement 522 ml. Donc cela ne rentre pas. La solution devant le Bellifontain a donc été écartée au profit de Boufflers, plus grand. Alors comment va se passer le transfert définitif ? Parce que la place devant le Bellifontain ne va pas augmenter.
Y aura-t-il donc moins de place pour l'alimentaire ? On sait que la surface de la Halle actuelle est de 1.327 m². La nouvelle double Halle serait, selon le discours du Maire, de 80 x 25 m² (soit 2000 m²), mais sur la diapositive, on nous donne le chiffre de 1.400 m². Que doit-on croire ?
Là, où le Maire a été plus convainquant ("tout est possible"), c'est lorsqu'il a indiqué la grande difficulté technique et économique de faire un parking souterrain sous la Halle.
La majorité aurait pu cependant prouver cette infaisabilité par une étude, plutôt que de reprocher aux autres de ne pas en avoir réalisée, comme si les citoyens avaient des cabinets d'étude à leur service.
La future Halle
Le projet de Halle a évolué entre temps. Certains points ont été corrigés, par exemple, elle sera éloignée de 8,10 m du bellifontain et réduite à 5,10 m pour garder une vue au premier étage. Une vue d'un homme debout !
Le Maire a refusé de répondre à une question simple, posée à de nombreuses reprises par le public, mais j'ai envie de dire par les Conseillers municipaux comme moi : en admettant que l'on soit d'accord sur le projet d'ensemble, ce qui n'est pas sûr, pourquoi alors ne pas faire la nouvelle Halle avant de démolir l'ancienne ?
Pas de réponse, bizarrerie qui fait craindre tout de même aux commerçants que le projet ne se termine pas. Il était pourtant simple de leur donner satisfaction sur ce point.
Selon certaines informations de personnes proches du dossier, la dalle du parking risquerait de s'affaisser et il y aurait déjà des infiltrations dans le parking inférieur. Alors ?
Le risque économique et l'attraction future
Si le Maire et l'architecte ainsi que certains commerçants ont souligné le gain à venir résultant de l'opération, beaucoup ont appuyé sur leurs pertes durant la période de transition de 2 à 3 ans. Seront impactés : les commerces résidents de la place du Marché, la place de l'Etape, du fait de la délocalisation à Boufflers.
Ce que visiblement ne comprend pas le Maire, c'est qu'en admettant même qu'il y ait des gains futurs, le risque est immédiat. Un commerçant qui ferme, ce n'est peut-être rien pour la Ville, mais ce peut être proche du drame humain pour lui. D’autres qui, auront la chance de ne pas avoir la nécessité de fermer, vont automatiquement devoir licencier pour survivre. Et là encore, il y aura du drame humain.
La majorité a promis des mesures compensatoires en terme de promotion commerciale (c'est le minimum) , mais aussi des indemnisations. Leur coût n'est pas intégré dans le budget, selon ce qui nous a été dit. Le contribuable a aussi le droit de savoir.
Mais plus généralement, il eut paru logique, obligatoire, si on nous affirme que le projet porte sur le gain commercial résultant de cette future captation des touristes, c'est d'avoir une étude économique prospective qui le prouve (une étude utile pour changer, plutôt qu'un sondage).
Encore une fois, si la majorité est sûre de son fait, pourquoi ne pas l'avoir fait ?
Conclusion
Le mot référendum n'a jamais été prononcé : il doit faire peur à la majorité : il créerait des conditions de débat trop loyales pour qu'elles puissent le supporter. Peut-être à tort. Mais le pari de la démocratie l'inquiète.
Un seul point positif et qui fait consensus (sauf sur les conditions de sa délégation) : le parking Boufflers étendu, que l'on attend depuis trop longtemps, hélas !
Sur la base de ses propres chiffres, le contribuable paierait au bas mot 7 millions d'euros et l'usager du parking souterrain, 6,5 millions pour ne gagner que 37 places supplémentaires et une place publique à l'esthétique améliorée.
Le jeu en vaut-il la chandelle ?