COUTEUSE ET D'EFFICACITE DOUTEUSE : LA VIDEO SURVEILLANCE NE S'IMPOSE PAS
LA PREUVE DANS LE DIAGNOSTIC DE SECURITE
(tel que prononcé au conseil municipal)
Je rappelle que la vidéo surveillance sur voie publique relève de la compétence de la Ville de Fontainebleau et non de la Communauté de Communes.
La proposition du Conseil Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CISPD) n'a donc pas force de loi.
Je profite de l'occasion pour relever un glissement dans les termes employés : on nous bourre le crâne avec l'expression « vidéo-protection », alors qu'il s'agit d'un système passif d'enregistrement, c'est donc bien de la vidéosurveillance. Arrêtons de jouer sur les mots.
I. Le principe
On me dira que la Ville d'Avon a voté pour. Je répondrai que la situation avonnaise est sans doute différente de la situation bellifontaine.
Et c'est la seule situation qui m'intéresse. Les élus avonnais prendront leurs responsabilités en fonction des particularités de leur territoire. Ces décisions sont totalement indépendantes.
C'est donc bien aux Bellifontains de décider, en fonction de la situation propre de la Ville.
Moi, je ne suis pas opposée sur le principe à la vidéosurveillance, je le dis tout net.
Encore faut-il que cela soit justifié.
II. Le coût : pas d'éléments
Or, je constate qu'il n'y a aucun élément concret et statistique justifiant cette instauration. J'aimerais qu'un membre de la majorité se dévoue pour me lire dans la note de présentation une phrase sur la nécessité réelle de cette opération.
C'est pourtant le minimum attendu.
Personne n'y trouvera d'éléments sur le coût.
Le maire refuse de prendre en considération cette question, puisque l'on parle du principe et non des modalités. C'est ridicule et ne résiste pas à l'examen.
Parlons donc chiffre. On apprend incidemment lors d'une commission, sans preuve d'ailleurs, que cela couterait 1 million d'euros pour l'installation. La période n'est sans doute pas aux économies.
Et le fonctionnement, qui peut faire exploser la facture. La majorité ne sait pas.
Et la maintenance. Le cabinet d'étude parle de 5 à 10 % du montant de l'investissement.
Sans compter la maintenance curative, jugée hors de prix par les spécialistes payés par la mairie.
Cet argent pourrait être utilisé pour des services beaucoup plus prioritaires comme la toiture de la bibliothèque.
Il y a quand même des priorités beaucoup plus importantes.
Nos électeurs et nos contribuables ne sont pas des idiots et savent faire la différence entre un gadget et une urgence.
III. Les chiffres qui tuent le projet de la majorité
La délinquance locale justifie-t-elle en principe de se pencher sur la vidéosurveillance ?
Je lis les statistiques publiées sur le site de la Ville de Fontainebleau reprenant le bulletin municipal d'octobre 2010 :
"A Fontainebleau intra-muros, les indicateurs du premier semestre ont enregistré une baisse considérable de cette délinquance : 519 faits constatés en 2009 contre 391 en 2010, soit une baisse de 24,66%.
Au cours des six premiers mois de l’année 2010 sur la circonscription, les vols à main armée ont baissé de 60%, les vols dans les véhicules de 37,59% et les cambriolages de 18,18% par rapport à 2009. Au total, la délinquance de proximité a baissé de 20,7% sur le premier semestre 2010".
On ne peut pas se féliciter de la faiblesse de la délinquance et ensuite en souligner l'aggravation ! Faudra-t-il alors que la majorité stresse la population pour arriver à ses fins ?
Maintenant quelle est l'évolution sur 2011 ?
Dans le diagnostic local de sécurité que j'ai pu me procurer, Je cite :
Diagnostic de sécurité (payé par la majorité),
les chiffres qui démentent la majorité
IV. Le pour et le contre
Pour le principe, au lieu d'avoir une approche scientifique, on a eu droit à la foire aux clichés.
Le premier c'est "avec les caméras, on empêchera les cambriolages". Ce n'est pas avec 13 ou 15 caméras que cela sera possible, d'autant plus que l'on ne sait pas où les mettre ! Les caméras ne sont pas là pour surveiller les domiciles privés mais les espaces publics : la justification est donc dépourvue de fondement. Les cambriolages ne sont donc pas la cible principale de la vidéosurveillance.
Le second, c'est "il vaut mieux le faire maintenant plutôt que d'attendre la montée de la criminalité".
En admettant même le principe, il faut encore le faire avec une certaine méthode. Il n'y en a pas.
Là où on attend des arguments chiffrés, pardon de le dire, on n'a de la propagande.
J'ajoute que sur un sujet aussi grave, certains conseillers de la majorité, lors de l'avis de la communauté de communes, comme MM. Portelette et Laprée, ont décidé de voter selon leur conscience : l'un à voter contre, l'autre s'est abstenu.
S'ils ne sont pas habitués à ce que je leur rende hommage, c'est d'autant plus sincère.Cela montre aussi que sur ce sujet la place est ouverte au débat.
Je termine sur un point incroyable : le Conseil Intercommunal de Sécurité et de Prévention de la Délinquance n'a produit aucun compte-rendu de ses travaux : en tout cas, j'ai une lettre certifiant que l'on ne m'en a pas fourni, je l'ai contresignée à la demande des services municipaux. On ne peut donc pas dire que le dossier est bien préparé.
Une atteinte aussi grave aux libertés publiques, une surveillance continue de certaines parties de la ville, et indirectement des domiciles malgré un floutage relatif, selon la terminologie, tout cela doit se justifier lourdement, ce n'est pas le cas.
V. Conclusion
En conclusion et en bref, on ne justifie :
Ni de la nécessité de la vidéosurveillance
Ni évidemment de la proportionnalité avec les besoins
Ni ainsi du prix pharamineux de l'opération.
Je le rappelle c'est 1 millions d'euros minimum sans compter le fonctionnement et la maintenance.
Je vous propose donc :
- soit d'adopter mon amendement sur le sujet, qui permet de manière constructive de ne pas fermer la porte à un examen rationnel et non passionnel ;
- soit de rejeter purement et simplement cette mauvaise décision.
PS : Comme les chiffres officiels cités par moi lui étaient défavorables, M. Ducros, premier adjoint, a eu le front d'indiquer que les chiffres ne valaient rien et ne voulaient rien dire.
Bref, à l'en croire les études payées par le contribuable et présentées il y a 4 jours étaient sans valeur. Gaspillage ?
Mais c'est apporter de l'eau à mon moulin ! Cela témoigne bien de l'impréparation de ce dossier.
Ajoutons que le principal facteur d'inquiétude est la présence de SDF, ce qui demande un traitement social et non policier en soi. C'est l'humain qui sera efficace.
Quant aux cambriolages, j'ai eu l'aveu : non les caméras ne seront efficaces qu'à la marge. Cela vaut bien le coup de payer tout cela pour pas grand chose.