A quoi Jean-Christophe Laprée tourne-t-il le dos ? ->
Lorsque quelqu'un met ses actes en accord avec sa conscience, il faut toujours le saluer. Dans une interview accordée à la République de Seine-et-Marne à paraître ce lundi 9 septembre 2013 (et que nous vous laissons découvrir dans vos kiosques), M. Jean-Christophe Laprée, déclare ne pas vouloir repartir pour un second mandat avec Frédéric Valletoux, dont il est l'actuel adjoint au Maire en charge de l'urbanisme et du patrimoine.
Exprime-t-il de réels regrets ?
Sur la forme, de manière affirmative incontestablement.
La méthode Valletoux du passage en force notamment ou de la transformation de la majorité en une unanimité quelque peu caporaliste ne pouvait pas manquer de lui rendre la vie difficile. Il parle même de "chambre d'enregistrement". On peut penser qu'il a eu quelque moment de solitude lorsqu'il ne pouvait exprimer une opinion différente de la doctrine du Maire.
Sa position est simple : « On s'est comportés comme des malpropres ! » (sic).
L'inimitié portée par certains envers M. Laprée trouve sa source justement dans ces méthodes contestables qu'il dit réprouver aujourd'hui. Certains jugeront cela un peu trop tardif, alors qu'il en était l'un des agents. Il n'est cependant jamais trop tard pour mieux faire.
Sur le fond, c'est moins clair. Il assume un certain nombre de projets que nous qualifions cependant de douteux comme le Grand Parquet ou la démolition de la Halle. Mais on a plus l'impression de quelqu'un qui s'est plongé dans la technique plus que dans la politique, un peu comme dans le "pont de la rivière Kwai" où l'on oublie les buts pour se consacrer uniquement à la technicité. Nous pouvons penser que M. Laprée s'exprimera plus librement sur ces sujets et nous donnera son intime conviction.
Un projet, en revanche, semble l'avoir décidé à se détacher du Maire, c'est le projet de délocalisation du cinéma au Bréau, qu'il qualifie lui-même de plan B. Incontestablement, il a ressenti le danger pour le commerce et la vie de Fontainebleau que ce projet sensible allait gravement perturber. Il est évident qu'il a dû avoir maille à partir avec certains de ses collègues, et sans doute vis à vis de celui qui préside la SCI en charge de l'opération, M. Ducros.
Il n'en demeurera pas moins qu'il aura trempé dans ces affaires en conscience, jusqu'à présent, au risque de compromettre l'avenir urbanistique et économique de notre Ville en soutenant des projets de bétonnage ou de délocalisation d'équipements (halle, cinéma).
Nous espérons que sa nouvelle position permettra de limiter la casse.
Les désaccords avec le Maire, bien que peu remarqués, étaient patents pour les habitués du conseil municipal. Déjà le 1er mars 2011 (notre document ci contre, cliquez pour mieux voir), le maire avait retiré à Jean-Christophe Laprée le droit de délivrer les permis, en lui laissant l'honneur douteux et peu populaire de les refuser. Plus tard, Jean-Christophe Laprée avait exprimé des protestations de conscience sur la question de la vidéo-surveillance, ce que nous avions d'ailleurs noté comme étant tout à son honneur et qui tranchait sur l'unanimisme bêlant de certains de ses collègues.
Dans le fond, Jean-Christophe Laprée héritait du "sale boulot" que le Maire ne voulait pas assumer, on comprend qu'aujourd'hui alors que ces projets se révèlent dangereux pour la Ville, il ne croit plus devoir, pour l'avenir, les cautionner.
Il est encore trop tôt pour examiner les conséquences à moyen et long terme de cette décision, mais on peut déjà être sûr que Frédéric Valletoux vient de perdre celui qui se qualifiait encore il y a peu de "porte-flingue" (cf. dans l'Express du n° 3024 du 18 juin 2009 spécial "Le système Valletoux"). mais qui était en réalité un fusible utile sinon jetable. Nous avions eu cette prescience de l'écrire : " A l'un la gloire, à l'autre les basses-besognes du régime, … et qui sera jeté un jour comme les autres, quand il n'y aura plus de jus à extraire" (12 mars 2012 : F. Valletoux en campagne de contrebande).
Jean-Christophe Laprée n'a fait qu'anticiper cela. Il a eu raison.
Jean-Christophe Laprée n'a fait qu'anticiper cela. Il a eu raison.
Le 7 septembre 2013 à 13H00.