UN SCHEMA QUI BANALISE FONTAINEBLEAU :
VERS UNE VILLE DORTOIR ET UN BETONNAGE GENERALISE
Mes chers collègues,
Ce soir l'avis sur le Schéma de Cohérence Territoriale
(SCOT) que nous allons donner présente une très grande importance pour l'avenir
de notre cité et de la région toute entière.
Je rappelle que le SCOT encadre les Plans Locaux d'Urbanisme
qui encadrent la délivrance des autorisations d'urbanisme. Il exprime donc la
projection dans l'avenir de notre région.
Il semble qu'il y ait deux logiques qui s'affrontent :
- D'un côté, les tenants de la "banlieusardisation"
et de la banalisation de Fontainebleau et qui se couchent devant les
diktats du tout béton ;
- De l'autre ceux qui ont pris la mesure des qualités
exceptionnelles de notre territoire et qui prônent une politique forte.
Il est visible que ceux qui ont rédigé ce SCOT sont plutôt
de la première catégorie.
Vous me permettrez donc de donner lecture de quelques
extraits du document d'orientation et d'objectifs du SCOT projeté, c'est-à-dire
le cœur de son dispositif. C'est particulièrement édifiant.
I. La destinée de Fontainebleau
Voilà comment les rédacteurs conçoivent la destinée de
Fontainebleau :
"Fontainebleau-Avon qui constitue le premier pôle
structurant du territoire. Il développe une spécificité économique en faveur des
activités productives tertiaires à haute valeur ajoutée en lien avec les
organismes de formation qu’il accueille."
Jusque là tout va bien mais attendez la suite :
"il développe une économie résidentielle liée
à une présence de population importante dont le poids s’accroît grâce au renforcement
et à l’enrichissement de son parc de logements."
Voilà qui est totalement contradictoire. L'économie
résidentielle est la négation la plus complète de la spécificité économique
citée plus haut. Pire encore, elle va se traduire par une dégradation du tissu
urbain et de son fragile équilibre.
D'un côté les objectifs économiques et de formation sur
lequel le SCOT n'a aucun poids, à part réserver quelques espaces.
De l'autre, il prévoit un programme de bétonnage massif,
c'est la création de 1.500 logements en 9 ans qui est prévue pour la
communauté de communes (p. 73) avec 60 % de logements collectifs dans le
tissu existant de Fontainebleau (p. 76).
Alors que la priorité devrait porter sur le logement
existant ancien et dégradé, il n'y en a pas un mot dans le SCOT.
On choisit de bétonner encore plus des territoires saturés.
Le Projet d'Aménagement et de Développement Durable (PADD) du SCOT le dit en
toutes lettres : "Cette solution suppose une utilisation très optimisée
du tissu urbain existant et une utilisation de toutes les marges de manœuvre
possible" (p. 32). On a bien compris.
Le choix de la ville dortoir est donc clairement affiché
par la majorité.
C'est le contraire qu'il faut faire.
Il paraitrait d'ailleurs logique d'offrir d'abord des
emplois sur l'ensemble du bassin Grand Gâtinais avant de le bourrer de
logements. Sinon les gens
s'installeront à Fontainebleau mais continueront de fuir sur Paris.
La priorité devrait être donnée aux activités de formation
et de tourisme à Fontainebleau et aux activités économiques dans le reste de sa
région avant de faire du bétonnage.
En résumé, on ne doit augmenter la population
qu'en proportion de la capacité d'accueil du territoire, que cela soit en
matière de qualité urbaine et paysagère ou en fonction également des emplois
qu'il peut proposer.
II. La forêt
J'ajoute qu'en plus visiblement ses rédacteurs ne
connaissent pas la législation applicable à notre territoire.
Le SCOT se borne à reprendre le Schéma Directeur de la
Région Ile-de-France (SDRIF) qui encadre le SCOT, sans tenir compte des
spécificités du territoire. Je prends l'exemple de la forêt et je cite, en vous
passant les conditions limitatives tout de même :
"peuvent être autorisés :
- le passage des infrastructures, […] ;
- l’exploitation des carrières […]".
Non, la forêt de protection, législation applicable à
Fontainebleau, interdit les nouvelles infrastructures et les carrières !
Si le SDRIF est général, le SCOT plus précis aurait dû faire
référence à cette interdiction réglementaire. C'est lamentable.
III Conclusions
Le SCOT fourmille de contradictions de ce calibre, sur
lequel je passe.
Le plus grave porte sur l'équilibre entre la politique de
logements et de bétonnage et la politique économique qui devrait
conditionner la première.
Voilà le "courage" politique de la majorité, c'est
d'ailleurs sa logique de dégradation de l'urbanisme avec le choix de projets
esthétiquement douteux, avec sa réflexion sur l'extension de la population
au sud de notre agglomération. Certains se demandent même si l'installation de
caméras ne répondrait pas par avance à la délinquance future qui y seraient liée.
Le choix politique imposé par la majorité est de
considérer Fontainebleau comme une zone dortoir de la région Parisienne et de
banaliser son territoire.
A cela nous disons NON et nous faisons des propositions qui
vont dans le bon sens.
Nous
estimons clairement que l'on doit mettre la priorité sur l'emploi, la formation
et le commerce plutôt que d'accueillir des populations nouvelles, avec un
bétonnage qui finira de faire perdre sa spécificité à notre commune.