J’ai l’honneur d’attirer votre attention sur la question de la distribution des masques qui préoccupe mes concitoyens. Ils m’ont interpellée pour avoir des éclaircissements.
Plusieurs collectivités territoriales, qui ne sont pas chargées — en principe — de la police administrative de la santé, ont cru bon acheter — quelques fois, en concurrence avec les services de l’État — des masques en vue de les distribuer au public.
Cette initiative paraît louable dès lors qu’elle répond à trois critères essentiels :
– la coordination avec les services compétents de l’État, pour éviter une concurrence regrettable et assurer une bonne réparation en fonction des besoins ;
– un respect de la doctrine de distribution des autorités sanitaires, non seulement en fonction des priorités, mais encore des règles d’hygiène ;
– une neutralité du service public assurant une égalité de traitement dans la dignité.
Or, il se trouve que les élus des majorités des organes délibérants de la Région Île-de-France et du Département de Seine-et-Marne ont reçu la permission de leur exécutif de distribuer ces masques, pas toujours avec une doctrine clairement établie, quelques fois en raison de l’inspiration du moment, et je dois le dire avec regret, en se mettant en scène, toute honte bue, par des démonstrations largement répandues sur les réseaux sociaux. Ces distributions excluent spécifiquement, au moins pour la Région Île-de-France, les élus minoritaires.
Ce mercredi 29 avril 2020, par exemple, à la gare de Fontainebleau-Avon, la Région distribuait des masques aux usagers, ce qui ne manquera pas de leur être utile, mais avec une ostentation déplacée et largement relayée par les réseaux sociaux desdits élus.
Un kakémono de gare ->
Il me semble qu’il appartient au représentant de l’État d’exposer clairement, sans polémique, ce qui peut se faire et ce qui ne doit pas se faire.
Ma première interrogation consiste à déterminer que les collectivités territoriales s’inscrivent bien dans un plan équitable de distribution. Il serait bon que l’État réaffirme clairement, qui doit bénéficier en priorité des masques, et comment les petites communes — qui pourraient être défavorisées par rapport aux collectivités plus riches — peuvent bénéficier d’une forme de péréquation, permettant de rétablir un principe d’égalité devant le droit à la santé.
Ma seconde interrogation porte sur les consignes d’hygiène de distribution : les élus en question, même si je ne dénie par une bénévolence pour certains, ne sont pas des agents publics ou des bénévoles habilités et formés. L’État, autorité de police sanitaire, se doit, à mon avis, de rappeler les consignes à tous les niveaux.
Ma troisième interrogation porte sur le respect de la neutralité du service public, et le fait qu’il y ait un manquement d’abord à la décence, qui devrait être le cas pour des distributions d’objets de première nécessité, financés par l’argent des contribuables. Nous sommes également dans une période électorale, certes suspendue, mais que certains candidats mettent à profit de manière peu légitime pour favoriser leurs réélections. Le fait qu’ils agissent comme des collaborateurs du service public me paraîtrait devoir leur inspirer une dignité dans l’exercice des fonctions temporaires et qu’ils évitent finalement de détourner la charité publique à des fins politiques.
Je vous remercie par avance pour les éclaircissements, éventuellement publics, que vous pourrez apporter à ces légitimes demandes.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Préfet, ma considération respectueuse.
Monique Fournier
Conseillère municipale de Fontainebleau
Conseillère de l’agglomération du Pays de Fontainebleau
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