Le mystère éclairci ?
La République de Seine-et-Marne a lancé le débat dans son édition du 4 mai 2015 : "le Grand Parquet en vaut-il la peine ?".
Il y a une affirmation, que le journaliste reprend avec prudence, "on estime que les retombées économiques "directes ou indirectes" chaque année du Grand Parquet tournent autour de 10 millions d'euros".
Mais d'où vient ce chiffre ?
I. L'étude fantôme ?
La première fois que je l'ai entendu, c'était lors du Conseil municipal du 9 février 2009, à l'occasion du transfert du Grand Parquet de la Ville à la Communauté de communes (http://monique-fournier.blogspot.com/2009/09/conseil-municipal-du-9-fevrier-2009.html).
Voilà ce que l'on peut lire dans le PV de l'époque : "Mme FOURNIER s'interroge sur l'impact sur l'économie locale et se demande comment celui-ci a-t-il été évalué".
Bien sûr, je n'avais eu aucune réponse, à part une vague piste sur un rapport émanant de l'Ecole des Mines.
En effet, c'est en débattant du rapport annuel de la Communauté de communes, le 16 novembre 2009 que j'avais avancé dans mon enquête, et je prenais le Maire à partie : "Vous nous parlez toujours d'une soi-disante étude sur ce que rapporte ce grand et médiatique projet : je vous demande instamment de la communiquer au public et à l'opposition. Nous verrons bien si c'est la vérité." (http://monique-fournier.blogspot.com/2009/11/conseil-municipal-du-16-novembre-2009_6980.html)
Là, je tombais de haut, M. Frédéric Houssay, le fameux adjoint aux affaires économiques, mais « faux électeur » de son état, me répondait ainsi au PV : "Par ailleurs, M. HOUSSAY revient sur les mises en doute des retombées du Grand Parquet: les dix millions d'euros évoqués par Mme FOURNIER n'émanent pas d'une quelconque étude de la ville ou de la CCFA, mais des organisateurs de manifestations eux-mêmes. Par conséquent, il déplore de voir stigmatisé cet investissement du Grand Parquet."
Je faisais crédit à la mairie d'avoir une démarche intelligente, mais là, gag ! Sérieux s'abstenir donc : le "au pif" et le "oui dire" seraient devenu l'étalon d'une démarche coutant 15 millions !
Le 20 janvier 2011, le débat revenait sur le tapis cette fois-ci, sur le coût de transfert du Grand Parquet (http://monique-fournier.blogspot.com/2011/01/conseil-municipal-du-20-janvier-2011.html) : "Je rappelle que pour justifier le "formidable potentiel" du projet, le chef de la majorité, majorité actuelle, avait brandi un rapport de l'Institut européen du développement durable de l'école des Mines, rapport qui en réalité ne portait que sur la filière équine en général. On a entendu sur tous les tons les bienfaits de l’équipement pour le commerce, les hôtels, les restaurants, le tourisme : oui, mais le chef de la majorité actuelle n’apporte à ces affirmations publicitaires que sa parole, dont on peut largement douter."
Dans le PV, je précisais encore : "Mme FOURNIER évoque une autre réalité reconnue par le cabinet Klopfer chargé de l'évaluation : il n'existe aucune étude de marché, ni marketing permettant de connaître le caractère rentable de l'opération. Par conséquent, elle évoque un projet purement médiatique ne servant que les intérêts politiques de M. LE MAIRE. […] selon l'étude de l'école des Mines, les retombées du Grand Parquet bénéficient davantage aux autres communes environnantes et surtout à l'Etat. L'Etat organise ainsi les filières, loue le terrain de l'équipement moyennant finances, et laisse les organisations équestres établir une concurrence entre les installations et les autres."
Je n'ai eu aucune réponse. Et pas de démenti !
Que celui qui ne me croit pas aille voir le PV (que je tiens à disposition).
Donc, le silence est coupable !
Il n'y a pas d'étude démontrant qu'il y a pas 10 millions de retombées réelles sur notre communauté.
Il n'y a pas d'étude démontrant qu'il y a pas 10 millions de retombées réelles sur notre communauté.
II. Que contient le rapport ?
J'ai pu me procurer ce fameux rapport d'étude de la filière
équine en réserve dans biosphère du pays de Fontainebleau et du Gâtinais français et je vous en livre mon analyse.
Il a été écrit sous la direction de Mme Patricia Fraile, de l'Ecole des Mines et anciennement mise à disposition près l'Institut européen du développement durable (IEDD).
Mais, il ne comporte aucune allusion à un bénéfice aussi somptueux, seulement le cumul des dépenses des visiteurs et exposants.
Le retour local est donc plus faible comparé aux dépenses de transports ! Certes, il y a des effets locaux, mais sûrement pas 10 M € !
III Que faire ?
J'ai envisagé plusieurs solutions pour sortir par le haut de ce cauchemar financier et qui peuvent se combiner en tout ou partie :
- la mise en délégation de service public, c'est-à-dire le recours au privé. J'ai exprimé mon scepticisme sur le recours à une concession de travaux, c'est-à-dire à la délégation complète de la construction et de l'exploitation. C'est construit, désormais il faut assumer le passé et le passif. Rien n'interdit un affermage, c'est-à-dire une délégation de la gestion, pour décharger la collectivité du déficit structurel de fonctionnement qui nous plombe.
- l'élargissement du tour de table : la Communauté de communes qui ne bénéficie pas de grosses retombées et paye l'ensemble : pourquoi ne pas impliquer l'ensemble des collectivités qui "bénéficient" de l'ouvrage ? Voilà une piste qui n'avait jamais été explorée : l'étude est alors utile.
- la mise sous forme de base régionale de loisirs, ce serait l'occasion de donner au site une gouvernance francilienne au site et de l'ouvrir à l'ensemble du bassin parisien. C'est évidemment à négocier, mais rien ne l'interdirait absolument, au contraire, puisque cela changerait le public et démocratiserait encore mieux l'équipement. Profitons de l'effet régionales !