Drame social, espionnage, manipulation politique, interrogatoire...
Tous les éléments d'une série sont réunis au sujet de la suppression de la présence humaine de nuit et de son remplacement par la téléassistance (avec bouton) dans les Foyers-résidences de la Ville de Fontainebleau. Enfin, si on suit le scénario d'une majorité qui ne sait plus quoi inventer...
Si vous avez raté le premier épisode : Vers une déshumanisation des foyers-résidences ?
MES SOURCES
Mme Machery, qui joue le rôle du Vice-président du Centre Communal d'Action Sociale (CCAS), n'a pas du tout apprécié que ce changement de fonctionnement soit dénoncé et a décidé de m'interpeller et de m'interroger sur la provenance de la lettre que je me suis procurée, qui informe les résidents de cette mesure de déshumanisation.
Voilà ce qu'elle m'a écrit le 16 février 2017 : "j'aimerai savoir comment vous vous êtes procurée ce courrier à ma signature que vous avez publié, que je n'ai pas signé et qui était dans le circuit des parapheurs dans l'attente de ma validation pour d'éventuelles modifications et/ou corrections".
Suis-je accusée d’Espionnage ? De vol façon «Mission Impossible» ? De détournement de personnel ?
A cela, je réponds :
1° Pas plus qu'un journaliste, je n'ai pas à dévoiler mes sources. Les gens me font confiance. D'autant plus que je n'en ai pas qu'une...
2° La réalité est encore plus simple : le document en question a tout simplement été mis en distribution tel quel, dans les foyers-résidences ! Il ne s'agit donc pas d'un document dérobé au sein des services secrets du CCAS. A Mme Machery de mieux se renseigner et de donner peut-être plus de transparence à ses actions, au lieu de se plaindre de s'être fait prendre.
3° C'est ce document qui a provoqué l'ire de beaucoup de résidents, difficile de croire qu'il n'existe pas.
En revanche, Mme Machery ne donne aucun élément d'appréciation différent, je la cite dans son même courriel : "Je ne reviendrai pas sur vos propos qui sont totalement faux, inappropriés et sont juste utilisés une fois de plus pour polémiquer.", Elle ne conteste donc nullement le contenu des informations dans cette lettre alors que c'est pourtant le plus important.
Fin de l'histoire ?
MANIPULATION RETROACTIVE ?
Non. Après avoir joué le rôle d'un inspecteur, voilà que Mme Machery se présente maintenant en avocat d'une pauvre ville victime d'une "manipulation politique", pour reprendre ses termes employés dans deux articles du Parisien et de La République.
Pardonnez-moi, Madame Machery, mais ce n'est pas l'opposition qui a déclenché l'affaire, c’est bel et bien ce courrier et la décision de la majorité de remplacer le gardiennage par de la téléassistance qui a amené les résidents à faire une pétition.
L'honorable opposition accusée de "manipulation politique" (qui d'autre sinon ?) ne peut que se défendre en faisant valoir qu'elle n'a réagi qu'après avoir été destinataire de la réaction très claire des résidents.
La chronologie ne plaide donc malheureusement pas en faveur de Mme Machery.
Plus grave encore, c'est de nouveau la majorité qui a décidé, seule, cette mesure avant de la soumettre bien tardivement aux votes des Conseillers d'administration du CCAS, qui n'ont pu en délibérer que le 22 février 2017 !
Et là, stupeur ! La délibération proposée au vote (ci-dessous) comporte exactement les mêmes informations que la lettre envoyée aux résidents au mois de janvier, dans laquelle Mme Machery ne se reconnaissait pas. Et c'est pourtant bien cela qui était en question !
C’est plutôt d'avoir indiqué que le sens de la Loi sur l'autonomie amenait à la suppression des gardes, qui est de la manipulation ! Alors que rien dans le texte ne l'impose.
Mme Machery fait chorus à Mme Thatcher qui disait : "there is no alternative" avec son "cela fait partie des évolutions". En gros, c'est comme cela et puis c'est tout, et on n’a pas à le contester.
Le changement n'est pas forcément synonyme de progrès, pas plus que le progrès technique n'est synonyme de progrès humain.
LE FOND DE L'AFFAIRE : QUI VA PAYER ?
Après avoir dissipé l'agitation causée par la majorité et ses contre-faux maladroits, venons-en au faux de l'affaire. C'est d'abord une affaire d'économie comme nous l'avions indiqué précédemment !
Selon Mme Machery, reprise dans la presse : "Les huit gardiens coûtent 95.860€ par an alors que la téléassistance seulement 6.000€. L’abonnement coûtera 16€ par mois, pris en charge par le CCAS". Le sort des gardiens, lui n'est pas évoqué : Il s’agit d’une question humaine aussi.
Une économie substantielle, pour un service presque équivalent ? A voir !
Ce que Mme Machery omet de dire, ce que les interventions, ce ne sera pas gratuit (le prix n'est pas indiqué dans la délibération du coût de France Intervention 79, ave Franklin Roosevelt à Avon). Ainsi, pour les interventions après 18H30 et avant 8H30, ce sera aux familles de venir ou, en l'absence, elles seront à la charge du résident.
Extrait de la note de synthèse :
Il n'y a pas seulement suppression d'une dépense ou altération d'un service rendu, il y a un transfert de charges vers les résidents ! C'était à souligner.
Il n'en demeure pas moins que cette vision comptable fait omission des sentiments des résidents, sentiments qui ne sont ni négligeables, ni d'ailleurs infondés sur le risque nouveau. Mme Machery indique que le garde appelé par la téléalarme se trouve à Avon. Si la distance n'est pas grande, il faut bien comprendre que ce sont autant de minutes d'attente de perdues en cas de problème.
La lettre du cadre territorial du 11 septembre 2013 indiquait : "L'isolement relatif des personnes âgées maintenues à domicile peut justifier, au nom d’un principe de réalité, un recours raisonnable à la téléassistance. Il n’en va pas de même pour les résidences pour personnes âgées, où rien ne peut se substituer à une présence humaine. La téléassistance ne désamorcera pas la crise d’angoisse nocturne par quelques mots ou une partie de cartes, ne relèvera pas la personne tombée en allant aux toilettes, n’offrira pas les cinq minutes de la conversation qui constitue parfois leur seul horizon quotidien. Rien ne remplacera jamais une auxiliaire de vie, un infirmier ou un veilleur de nuit, parts d’humanité subsistant à leur égard dans notre société. [...] Certes, les solutions à la question de la dépendance (ou de l’autonomie) des personnes âgées dans le cadre d’un dispositif régulé de sécurité sociale ont un coût ; mais il en va de leur dignité qui, in fine, est également la nôtre." (http://www.lettreducadre.fr/2209/les-vieux-ne-parlent-plus-ou-alors-simplement-parfois-du-bout-des-yeux/).
DES ALTERNATIVES SONT-ELLES POSSIBLES ?
S’est-on seulement demandé si la téléalarme constituait le seul moyen ? En effet, ce n'est pas tant le bouton qui inquiète que l'éloignement du garde. Il me semble que la bonne réponse de la commune, si elle tient absolument à maintenir cette suppression, c'est évidemment de réduire la distance entre le poste du surveillant et le résident. Ne serait-il pas possible justement de le faire en rapprochant le garde de l'établissement ? Bref, réduire le délai d'intervention ! Mieux encore ! Organiser des tournées de nuit en plus, ce qui pourrait donner un peu d'humain.
Et puis réduire au minimum le prix de l'intervention !
Pourquoi ne pas avoir pensé à la mutualisation des moyens entre établissements voisins ? Moi, qui déteste ce terme, je lui vois une vertu. Après tout, il y a plusieurs établissements de retraite plus ou moins médicalisés (EHPAD, foyers, résidences-services...), avec plus ou moins d'autonomie pour les personnes âgées que l'on deviendra tous, M. Valletoux et Mme Machery compris. Il serait très intéressant de voir si l'on ne pourrait pas développer un service commun plus que de se débarrasser de la question avec un prestataire extérieur, sans doute respectable, mais pas forcément à côté, ni donné.
Ce n'est pas la solution que je préconise (le statu quo étant le plus satisfaisant sur le plan humain), mais au moins voilà une réflexion que la majorité pourrait reprendre à son compte pour montrer sa bonne volonté. Là, on serait dans un compromis plus acceptable, une solution de proximité et qui défendrait, en plus, l'emploi local.
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