BOISSELIER Antoine Félix, Au Calvaire, forêt de Fontainebleau
2e quart 19e siècle, Senlis ; musée d'Art et d'Archéologie
"Il est encore une erreur fort à la mode, de laquelle je veux me garder comme de l’enfer. — Je veux parler de l’idée du progrès. Ce fanal obscur, invention du philosophisme actuel, breveté sans garantie de la Nature ou de la Divinité, cette lanterne moderne jette des ténèbres sur tous les objets de la connaissance"
Baudelaire
«Fontainebleau change», «Fontainebleau bouge», «Fontainebleau progresse», voilà les slogans entendus de toutes parts. Mais est-ce la réalité ? Qu'est-ce qui change vraiment ?
Fontainebleau ne progresse pas, telle est la vérité. Des chantiers sont lancés certes, mais ne vont pas tous dans le bon sens. L'erreur commune est de croire que d'avancer pour avancer, c'est aller vers le mieux. Jetant un regard critique sur la décennie qui s'est écoulée, on voit que l'on fonce dans le mur, en klaxonnant.
De nombreux Bellifontains plus excentrés constatent que le centre-ville est de moins en moins accessible. Ils ont une impression de dépossession de ce qui faisait le charme de leur cité.
La place du marché sera libre, mais avec des dalles et non du grès. On leur fait payer cher, pour seulement 35 stationnements nouveaux en sous-sol, alors que le parking de la rue de Ferrare est désormais opérationnel et rarement complet.
Le commerce souffre.
De nombreux magasins restent vides bien que dans un site qui a toujours été le triangle d'or de notre cité, entre la Place de l'Etape aux vins, la rue de France et le Château. Les commerces de bouche, pourtant de qualités, sont concurrencés par des centres commerciaux qui offrent une chose que nous avons reniés : des stationnements plus accessibles et moins chers.
L'esprit n'est même plus à la fête,
puisque le Maire, dans sa vision punitive des finances publiques qu'il a lui-même maltraitées, a décidé la suppression du feu d'artifice de la Saint-Louis, de la patinoire... Cela devient sinistre.
Quant au cinéma délocalisé, cela poursuivra l'œuvre de destruction actuelle.
Les populations de certains quartiers sont méprisées. La sécurité n'est pas assurée. On veut mettre des caméras à des endroits qui sont sans problème, alors qu'il serait plus judicieux d’avoir une présence humaine de proximité.
Les Bellifontains ne se reconnaissent pas dans le bétonnage de leur cité. Partout on leur vante un avenir radieux de quartiers "requalifiés", il faut entendre par là, surpeuplés.
Certains supporteurs du Maire qui, il n’y a pas si longtemps, me vantaient ses mérites et son dynamisme, commencent à réfléchir. Ils ont enfin compris, mais peut-être un peu tard, que ces changements se rapprochaient de leur lieu d’habitation. A l’époque, ils se croyaient à l'abri et se moquaient bien de ce qui pouvait se passer pour leurs concitoyens. Maintenant, ils sont les prochains à bientôt avoir à côté d'eux des immeubles sans âmes avec une population entassée. Combien vaudra alors leurs résidences ?
Voilà on y est : M. Valletoux s'était promis de construire massivement,
il va (peut-être) y arriver. De son rêve irresponsable de construction de tours à la Fourche - qui a couté la vie à l'Office Public de l'Habitat, à son projet de lotissement du terrain du Bréau - il est à son affaire avec le quartier Chataux, bientôt livré aux promoteurs.
Est-ce faire œuvre de conservatisme que de dénoncer cette orientation ? Non ! Au contraire !
C'est justement la politique actuelle qui est conservatiste, presque ringarde dans sa conception : faut-il remonter aux années 70 pour se rendre compte que le béton n'est pas la solution ? Bref, on nous a tracé un avenir de cité dortoir de banlieue.
Les vœux sont l'occasion de faire de bonnes résolutions. Pour un groupe minoritaire, c'est l'occasion de réaffirmer, en plus de celles quotidiennes, des propositions réelles pour l'avenir de notre commune.
Nous souhaitons que l'on change de mentalité, en revenant à de vraies valeurs dynamiques plutôt qu'à la désespérance.
Notre cité, ancienne ville militaire (il reste d'ailleurs une magnifique Ecole de Gendarmerie) se trouve avec des terrains libres. Mais qu'en avons nous fait ? Rien. Héronnières en déshérence, Quartier Chataux bétonné, Quartier Damesme bientôt libéré…
Allons plus loin, une avenue Franklin Roosevelt surchargée de bureaux vides, l’ESIGETEL délocalisée, l’Ecole de commerce fermée, l’INSEAD dont on a perdu le doyen et j’en passe…
Mais il faut prendre son avenir à deux mains et réclamer hautement une affectation universitaire puisque nous en avons les capacités d'accueil ! Voilà ce qui doit faire la locomotive du sud-Seine-et-Marne à la limite de la diagonale du vide universitaire, cet afflux d'étudiants doit revivifier notre collectivité. Osons le dire, Fontainebleau pourrait devenir une nouvelle Oxford, ville à la fois d'avenir mais aussi de traditions avec ses quartiers anciens respectés et touristiques.
A ce mépris de nos racines, à ce recours à de vieilles recettes de promoteurs, nous répondons par un renouvellement certes de nos orientations, mais dans le respect de notre culture locale.
Nous ne refusons pas seulement la destinée de cité-logements que les gouvernants nous ont assignées en méprisant notre volonté, nous exigeons au contraire de la reprendre en main.
Utopique, infaisable ? C'est surtout que lorsque l'on a les deux pieds dans le béton, on ne risque pas de bouger dans le bon sens.
L’année 2015, c'est encore une fois la croisée des chemins, le temps perdu ne se rattrapant pas, j'affirme pourtant qu'il n'est pas trop tard pour redresser la barre. Pour cela, il faut que nos élus ne soient pas des suivistes, mais prennent conscience de la direction qu'ils veulent avoir !
Alors, à tous ceux qui nous ont fait confiance par le passé et à ceux qui nous feront confiance à l'avenir, je souhaite très sincèrement une excellente année 2015 !