dimanche 18 octobre 2009

Commission de l'urbanisme du 12 octobre 2009 : "requalification urbaine" : on ne répond pas aux attentes des Bellifontains

(Compte-rendu)

La forme : le niveau zéro de la concertation

La réunion partait sous les plus mauvais auspices. L'adjoint au patrimoine nous indiquait qu'il s'agissait de la dernière session de concertation. Mais si aucun document ne nous avait été envoyé à l'avance, nous n'eûmes rien sur place, à part la présentation déjà vue au théâtre. On a vraiment abusé, dans cette mairie, du terme "concertation", pour lequel il existe une définition officielle. La Charte de la concertation (Ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement) propose un article 4 dont le titre est "la Concertation exige la transparence": "Toutes les informations doivent être données aux partenaires de la concertation. Elles portent sur l'opportunité du projet, les options envisagées, les choix techniques et les sites susceptibles d'être concernés. […] L'information est complète, accessible aux non spécialistes, permanente et contradictoire".

La majorité posait une question simple, trop simple : "quel cabinet préférez-vous ?". La minorité, toutes tendances confondues, unanimement, a estimé que dans de telles conditions de "sous-information", on ne pouvait pas répondre. Il n'étonnera personne que ni la municipalité ni la minorité ne sont reparties satisfaites l'une de l'autre.


Le fond : du virtuel, toujours du virtuel

Nous avons fait un constat simple : la ville est dans une situation d'urgence pour son aménagement :
- des places non fonctionnelles accompagnées d'une voirie très dégradée;
- un plan de circulation à revoir dans les plus brefs délais;
- un stationnement notoirement insuffisant.


Pas de cadrage

La bonne méthode pour résoudre cette situation repose sur deux éléments fondamentaux : les limites techniques et juridiques et les limites financières.


Pourquoi ?


Parce que s'il y a des propositions qui sont impossibles techniquement ou juridiquement, il est inutile et coûteux de réfléchir à vide. L'exemple le plus criant est celui du projet de parking sous la place Charles de Gaulle (promesse électorale de l'équipe Valletoux) : outre son caractère inopportun (travaux d'ampleur devant le Château), la majorité s'est enfin rendue compte qu'il était techniquement impossible de le réaliser. Plus généralement, on devrait absolument régler la question des aménagements compatibles avec le site historique de Fontainebleau EN AMONT, par une bonne ZPPAUP (Zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager). Certains aménagements proposés ne devraient même pas être envisagés ("canaux" au milieu de la place de l'Etape et le long des grilles du Château).


Parce que la Ville, même subventionnée, a des finances très dégradées. Certains conseillers présents ont affirmé que le projet serait bien subventionné : aucun élément n'est venu le confirmer. De toute façon, il faut d'ores et déjà que les élus disposent d'un plan pluriannuel de financement. Rien ne nous a été remis sur ce point. Rappelons que selon la présentation officielle au Théâtre, les projets oscilleraient entre 25 et 35 millions d'euros ! Je n'ai eu aucune réponse à ma demande de lecture du bilan économique.


Pas de plan global

Comme nous l'avons rappelé, la question de la circulation et des parkings est fondamentale : or, l'étude lancée par la ville ne permettrait pas à la majorité, selon un adjoint, de concevoir un plan global en matière de trafic et stationnement. Elle serait dans l'impossibilité de modéliser la circulation sous le prétexte que c'est difficile : d'où les tâtonnements de la rue Aristide Briand ou de la rue de France. On est loin de la cohérence attendue, or il faut rappeler quand même que l'intitulé du marché est "requalification urbaine progressive, complète et globale de l'espace public du centre-ville de Fontainebleau venant remédier à une succession d'interventions ponctuelles sans cohérence et privilégiant une vision fonctionnelle de l'espace" (marché public N°: 7718860007002). Ce plan de circulation et de stationnement est pourtant une ardente nécessité.

Communication virtuelle et action concrète

La majorité, elle, a choisi une autre voie : la communication à outrance au lieu de l'action concrète : même les études des cabinets d'architectes sont agréables à regarder, mais inutilisables immédiatement. Tout va dans ce sens : rédaction de tracts publicitaires roses, porte-clefs, réunions publiques avec des présentations virtuelles, battage médiatique creux, ... Si l'on regarde le prospectus (seul document de discussion existant pour les élus de la minorité et les Bellifontains), on n'a que des esquisses. Les cabinets sont sans doute excellents et ont respecté le cahier des charges de la Ville, mais il ne répond pas aux attentes urgentes de la population.
Les Bellifontains veulent une ville accessible (où l'on peut stationner à proximité des commerces), une ville où l'on peut circuler à pieds, à vélo ou en voiture (sans mobilier urbain envahissant, …).

Les Bellifontains veulent le fond avant la forme, de l'action avant de la communication, du réel avant du virtuel.


Pourtant, malgré ce sentiment de liberté absolue que se donne la majorité, un sujet reste tabou : l'aménagement d'un stationnement souterrain sous la place du marché pour dégager le bâtiment de la Mission et favoriser le commerce, qui en a bien besoin et que nous proposons de façon constructive.


La suite sera donnée par le Conseil municipal du 16 novembre 2009 qui décidera éventuellement du choix des cabinets.

Complément :
Lorsque que j'ai fait observer, d'accord avec M. Laprée, qu'il y avait trop de potelets et autres gardes-fous tant du point de vue de l'encombrement de la voirie que de l'esthétique, on nous a répondu qu'il s'agissait d'équipements obligatoires pour l'accessibilité des handicapés.
Non seulement la majorité ne respecte pas les obligations les plus élémentaires en matière d'accessibilité rue Aristide Briand (Voir ma question orale du 14 septembre 2009), mais encore elle semble ignorer que l'on peut modérer le nombre de ces équipements, avec l'accord de l'Architecte des bâtiments de France (article 2 de l'Arrêté du 15 janvier 2007 portant application du décret n° 2006-1658 du 21 décembre 2006 relatif aux prescriptions techniques pour l’accessibilité de la voirie et des espaces publics). Ce qui importe avant tout, c'est le respect d'une largeur minimale de trottoirs : vu leur largeur moyenne, les potelets gênent plus qu'ils n'aident la circulation des piétons et personnes à mobilité réduite.


PS : Le vendredi 16 octobre 2009, la commission d'appel d'offre s'est réunie pour se prononcer sur le dossier. Bien que membre de cette commission, je n'avais même pas été convoquée. Ayant appris par hasard lors de la commission de l'urbanisme qu'elle se réunirait ce jour là, je m'y suis rendue.
On m'a donné un dossier incomplet sur place, ce qui m'a amenée à m'abstenir, bien évidemment.
Franchement, il est très difficile de se prononcer sans les informations nécessaires et sans savoir où le dossier peut nous amener.


Les "gadgets" de la
requalification urbaine









Pour en savoir plus :

* La position de Bruno Grandjean :
- La requalification du centre-ville : des questions sans réponse
(26 septembre 2009)
- Fontainebleau, coeur de ville (22 septembre 2009)
- Urbanisme virtuel (10 septembre 2009)
* La position du groupe PS :

- Le projet de requalification urbaine nous laisse plus que sceptiques (10 octobre 2009)
- Au delà du plaisir des yeux,... (23 septembre 2009)
- Requalification urbaine : quelques prescriptions préalables (7 septembre 2009)



A suivre : Conseil municipal du 16 novembre 2009 : "Requalification urbaine" : information sur le choix du cabinet


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